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22 mars 2015 7 22 /03 /mars /2015 11:13

Ce roman des plus troublant ne relève pas, selon le modèle traditionnel de la littérature romanesque, de la narration continue d’une histoire ou d’une intrigue. Il s’agît plutôt d’un collage de fragments de mémoire qui finit par amener le lecteur à fournir un sens, forcément ambigu, une fois dépassée la confusion des éléments juxtaposés. Ecrit dans une langue somptueuse, abstraction faite de la ponctuation réduite au minimum, le roman évoque, par la conversation de Georges et Blum, l’action de l’escadron de cavalerie commandé par le capitaine de Reixach. Georges, lui-même cousin de Reixach, discute sans fin des bribes de la vie de son parent, qui épousa une femme beaucoup plus jeune que lui, Corinne, de ses relations tendues avec sa jeune épouse, de son goût prononcé pour l’équitation, qui l’amena à entretenir une écurie de course, et des événements vécus lors de la campagne de 1940, au cours de laquelle le capitaine de Reixach fut abattu par un tir allemand.

Georges et Blum, faits prisonniers, transportés dans un convoi vers l’est, entassés dans un wagon parmi tous leurs compagnons d’infortune, discutent sans fin et sans conclusion définitive de la trajectoire du capitaine, frustré dans ses amours, méprisé dans sa passion de l’équitation et des courses de chevaux, probablement trahi dans sa vie privée par son jockey Iglesia.

La lecture du roman soumet le lecteur à l’épreuve ardue de démêler tous les fils entremêlés de cette histoire tragique, sans l’aide d’un fil conducteur fiable, ce qui lui laisse la tâche de se représenter par lui-même le tableau global de cet ouvrage. Il s’agît d’une expérience de lecture tout-à-fait passionnante.

 

 

 

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Le Vent, Tentative de restitution d’un retable baroque – Claude Simon

 

Le Palace – Claude Simon

 

La bataille de Pharsale - Claude Simon

 

 

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