Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
7 mai 2014 3 07 /05 /mai /2014 16:42

Pour la première fois, dans Totem et tabou, Freud tenta « d’appliquer à certains phénomènes encore obscurs de la psychologie collective les points de vue et les données de la psychanalyse », selon les termes de la préface de cet essai.

En se référant aux ouvrages de différents ethnologues et préhistoriens, Freud s’efforce d’analyser les motivations du totem et du tabou. Ces phénomènes existaient encore au sein de certaines peuplades primitives lorsque Freud entama la rédaction de son livre et il privilégia l’étude des peuples d’Australie, qu’il considérait comme étant « les plus sauvages, les plus arriérés et les plus misérables. »

Dans ces tribus, on trouva l’existence du système du totémisme. Les explorateurs ont noté que «les tribus australiennes se divisent en clans, dont chacun porte le nom de son totem. Le totem est en général un animal, parfois une plante ou un phénomène naturel comme la pluie. Le totem est considéré comme l’ancêtre du clan, qui exerce une action protectrice à son groupe tout en se montrant hostile à d’autres. Les membres du clan ont l’obligation de ne pas tuer leur totem, de s’abstenir de manger sa chair. Le totem se transmet héréditairement. »

Le système totémique impose la loi selon laquelle «les membres d’un seul et même totem ne doivent pas avoir entre eux de relations sexuelles, par conséquent ne doivent pas se marier entre eux. » Il s’agit d’une loi d’exogamie particulièrement stricte, puisqu’elle s’applique même entre un homme et une femme qui n’ont pas de lien de parenté, au sens moderne du terme, entre eux. Ainsi, la prohibition de l’inceste est-elle poussée très loin selon cette tradition.

Le terme Tabou a son origine en Polynésie. Freud estime que l’expression terreur sacrée est la meilleure définition qui peut en être donnée. Selon lui, « les prohibitions tabou ne se fondent sur aucune raison… ; incompréhensibles pour nous, elles paraissent naturelles à ceux qui vivent sous leur empire. »

Les règles imposées par le tabou concernent autant le respect des personnes sacrées : prêtres, chefs, … que l’appropriation des femmes.

Le tabou vise à protéger tous les membres de la tribu contre tous les dangers possibles : conflits, catastrophes naturelles, colère des dieux, contact des cadavres, absorption d’aliments, …

A l’origine, « le châtiment pour la violation du tabou était considéré comme se déclenchant automatiquement. » Par la suite, « c’est la société qui se charge de punir l’audacieux dont la faute met en danger ses semblables. »

Freud passe en revue les débuts de théories énoncées par les différents auteurs au sujet de ces deux notions, pour en démontrer l’insuffisance. Il en arrive alors à la conclusion, logique pour lui, que la vie de ces peuplades primitives suivait le schéma qu’il avait imaginé concernant les névroses, avec pour élément central le complexe d’Œdipe. Il lui apparaît pertinent d’étendre à l’histoire des populations les plus anciennes le mécanisme de l’opposition des fils aux pères et du désir de ces fils de convoiter les mères, que les pères, qui sont aussi les chefs des tribus, monopolisent.

Poussant la logique de son raisonnement à son terme, Freud envisage que dans la « horde primitive », les fils ont fini par se liguer contre le père hégémonique pour commettre le meurtre collectif qu’un individu isolé n’aurait pu assumer, et que cet acte extrême se serait conclu par un grand festin au cours duquel tous les coupables du meurtre auraient consommé la chair du père assassiné.

 

L’intérêt fondamental de l’ouvrage de Freud consiste donc à montrer l’insuffisance de la démarche descriptive des ethnologues, qu’il vient compléter par l’enrichissement qu’apporte la théorie psychanalytique au développement des populations primitives, quelles que soient leurs origines.  

 

Autres articles consacrés à Freud :

 

Deuil et mélancolie – Sigmund Freud 

 

 L’inquiétante étrangeté – Sigmund Freud

 

L’Homme aux loups – Sigmund Freud 


et, en relation avec Totem et Tabou :

 

La vie primitive  

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires