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6 mai 2010 4 06 /05 /mai /2010 18:42

Le delta du Mekong, dernière étape de notre voyage, marie à un degré extrême la fusion de l’eau et de la terre. A l’embarcadère de Caibe, de nombreuses vedettes attendaient leur lot de passagers. Dès le départ du port, nous comprîmes que la vie se répartit entre terre et eau, sans distinction bien nette. Les bateaux plats destinés au transport de toute sorte de marchandises sont des habitations. A leur extrémité, une longue barre de bois porte leur hélice en l’air lorsqu’ils sont à l’arrêt, comme s’il s’agissait d’énormes insectes pourvus d’une longue antenne armée. Le bras principal du fleuve à cet endroit est très large, et c’est le siège d’un vaste marché flottant. Les clients se déplacent sur de petits bateaux plats, mus le plus souvent avec une perche, et se dirigent vers les bateaux entrepôts des grossistes, qui exposent les échantillons de leurs marchandises au bout de leur barre.

Dans les îlots, la végétation tropicale est généralement aménagée pour faciliter la circulation. Des maisons construites sur les berges reposent sur des pilotis de bambou, parfois enchevêtrés dans les racines des palétuviers. Dans les îles, on cultive des arbres fruitiers et l’on pratique un artisanat surtout destiné aux touristes. Nous avons fait halte dans une superbe résidence coloniale encore habitée par une vieille dame, veuve d’un notable vietnamien, qui ne parlait pas français. Notre guide Nyi, charmante jeune femme qui attendait un bébé, nous fit déguster des fruits exotiques. Elle nous montra la fabrication des nems et autres spécialités.

Le retour s’effectua à travers de petits bras du fleuve séparant les îles. Le bateau, parfois, devait se frayer son chemin à travers la végétation, qui tendait à envahir l’eau brune, sale de tous les détritus qui y sont déversés. Les chants des oiseaux se mélangeaient au clapotis et au bruit du moteur de notre embarcation. L’atmosphère était humide, mais une légère brise tempérait les effets de la chaleur.

 

L’impression qui me reste du Vietnam est sa formidable vitalité, personnifiée par sa population très jeune. Clairement orienté vers le développement économique, le pays semble en passe de refermer les plaies du passé. Il travaille à réduire les traces de pauvreté qui subsistent, tout en laissant deviner un souci muet du poids de son colossal voisin du nord, qui appuie de son milliard et trois cents millions d’habitants sur sa tête.

Il existe au Vietnam une profonde harmonie des paysages, longuement domestiqués par l’architecture traditionnelle, un équilibre subtil entre la terre et l’eau, la plaine et la montagne, la roche et la terre, les forêts et les rizières. Il est également touchant de constater aujourd’hui l’appropriation d’un reste de culture française, en dépit de la violence longtemps subie.    

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4 mai 2010 2 04 /05 /mai /2010 19:58

Ho Chi Minh Ville, l’ancienne et toujours actuelle Saigon, est une ville immense, évidemment vouée aux encombrements, mais qui ne comporte pas de vieux quartier dans le style de Hanoi. C’est plutôt une ville moderne aux larges avenues, qui s’ouvre sur d’interminables banlieues. Le centre de la ville, où nous avons été déposés, est le siège des grandes institutions, dont le monument emblématique est la poste centrale, qui a l’apparence d’une gare avec son grand portail en arceau, protégé par une verrière.

Pour la nuit de la Saint Sylvestre, toute la population était dans les rues du centre, superbement illuminées de larges guirlandes électriques, qui formaient un toit de lumières colorées au dessus des larges artères. La foule s’écoulait de façon fluide, dans la bonne humeur et le calme, laissant même la possibilité aux véhicules de circuler à petite vitesse. Toute cette nuit de fête se déroulait dans la joie, sans provocation ni nervosité. Nous avons dîné dans un bateau qui naviguait sur la rivière de Saigon, très lentement. Les lumières se reflétaient sur les eaux, qu’elles provinssent des rives ou des bateaux. Des musiques, ça et là, fusaient de fanfares ou d’autres groupes. Et pour finir la soirée, nous sommes montés à la terrasse de l’hôtel Rex, ancien centre de ralliement des correspondants de guerre pendant la guerre du Vietnam, pour boire un verre et danser au rythme d’un chanteur hispano.

Nos principales visites étaient groupées dans le quartier chinois de Cholon. Nous débutâmes par le marché Binh Tay, construction chinoise qui comporte une grande tour horloge en son centre et bruisse de l’agitation ordinaire des marchés asiatiques. La pagode dédiée à Thien Hau, qui est censée naviguer sur les océans accrochée à un mât ou chevauchant les nuages, fut édifiée par la congrégation Cantonaise au XIXème siècle. La particularité de cette pagode est la frise de figurines en papier mâché qui décore les faîtes des différents corps de bâtiment. Elle constitue toute une compagnie de personnages minutieusement sculptés.

La pagode de l’empereur de Jade a également été construite par la congrégation Cantonaise, au début du XXème siècle. Elle contient un grand nombre de statues de héros et de divinités dans une atmosphère enfumée ; différentes figurations du Bouddha, selon les traditions bouddhiste et taoïste à la fois, y attirent l’œil. C’est un monument à la décoration foisonnante, très riche et complexe, qui démontre l’apport de la communauté chinoise à Saigon : ce fut notre visite la plus mémorable dans cette grande ville. Pour la symboliser, j’en ai retenu un petit dragon exposé sur un pilier, dans la cour de la pagode.        

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3 mai 2010 1 03 /05 /mai /2010 18:04

La traversée des hauts plateaux entre Nha Trang et Dalat nous offrit de beaux paysages, que nous ne pouvions détailler. Située à près de 1500 mètres d’altitude, Dalat est une jolie ville française du début du XXème siècle, avec quelques monuments asiatiques. Le lac Xuan Huong au milieu de la ville, le jardin botanique situé à proximité, et tout l’environnement paysager apportent leurs agréments à la ville. La villa de Bao Dai, dernier empereur du Vietnam, construite dans les années 1930, est une somptueuse résidence, qui classe son propriétaire comme un grand bourgeois : il n’y a à peu près rien d’asiatique dans sa décoration art-déco.

A l’entrée de la ville, la pagode construite au bord du lac de Truc Lam est entourée d’un beau jardin pourvu de massifs d’arbustes taillés en forme de dragons, de fleurs en dents de tigre, qui pendent en grappes depuis une large tonnelle, et de bâtiments très élégants.

J’ai déploré la brièveté de cette étape de Dalat, où nous aurions apprécié de séjourner plus longuement, pour profiter de la pureté de l’air, si rare au Vietnam, et nous promener dans les environs. Mais notre route était programmée pour rejoindre au plus tôt Ho Chi Minh Ville.

Lang Dinh An, le village du coq, doit son nom et sa célébrité à une étonnante statue de coq monté sur ses ergots, placée au centre du village. Celui-ci est peuplé par des membres de la minorité Koho, qui paraît vivre dans des conditions précaires. Le coq rappelle une histoire d’union entre deux villageois, rendue délicate par les exigences de la fiancée et de sa famille.

La longue route entre Dalat et Ho Chi Minh Ville nous permit d’approcher les différents types de plantations des régions du sud : café dont les grains sèchent sur de grandes toiles au soleil et doivent être retournés régulièrement, thé, poivre et hévéas, qui produisent paraît-il le meilleur caoutchouc du monde.

Lorsque la route retrouve la plaine, de vastes nappes d’eau, comme dans la vallée du Fleuve Rouge au nord, apparaissent. Il n’est pas rare alors de voir des maisons construites sur l’eau, soit sur des pontons, soit sur de petits îlots artificiels. Il s’agit de petites maisons en bois, toujours pourvues d’une terrasse, devant le seuil.

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1 mai 2010 6 01 /05 /mai /2010 10:56

Un long voyage en train nous conduisit de Danang à Nha Trang, de jour cette fois. La ligne suit le mince espace de plaine inséré entre la Cordillère Annamitique et la côte de la Mer de Chine, offrant en alternance des points de vue sur la mer et la montagne, malheureusement gâchés par la saleté des abords. Les bas côtés des voies ferrées sont en effet encombrés de détritus de toute sorte, où dominent les sacs en plastique, comme si le service d’enlèvement des ordures, défectueux, ne laissait que cette possibilité de décharge sauvage.

Nha Trang est une cité balnéaire pourvue d’une longue plage de sable, que nous avons malheureusement vue sous un temps gris et frais, qui ne se prêtait pas à la baignade.

Les tours du sanctuaire Cham Po Nagar, construites entre les VIIème et XIIème siècles, occupent un large espace en hauteur à côté de la baie. Consacrées au culte Hindou à l’origine, elles servent aujourd’hui de lieu de prière aux Bouddhistes vietnamiens ou chinois. La plus haute tour comporte un soubassement carré surmonté d’un toit de forme pyramidale. D’autres ont un toit à deux pans. Au milieu du site se trouve également un grand escalier monumental bordé de chaque côté d’énormes colonnes. L’une des singularités de ces constructions en brique et pierre est l’absence de ciment : jusqu’à ce jour, la technique de collage des briques et des pierres entre elles demeure inconnue. Il s’agit de monuments profondément originaux, sans rapport avec les sanctuaires habituels des religions asiatiques ou occidentales.

A l’opposé, la pagode Long Son est une construction récente parée de décorations modernes en mosaïque. Son élément le plus marquant est l’énorme statue du Bouddha construite au sommet de la colline située derrière la pagode : blanc, posé sur une fleur de lotus, il domine toute la ville, comme un gigantesque cornet de crème glacée, incongru et placide.

Une autre colline a été choisie dans les années 1920 pour la construction de la cathédrale néo-gothique, qui ne présente pas d’attrait particulier, hormis la présence d’un mur longeant la rampe d’accès à l’entrée, dans lequel ont été déposés les restes des corps précédemment enterrés dans un cimetière, qui fut désaffecté pour construire une nouvelle gare à son emplacement.

Depuis la ville, un bateau nous mena vers l’île Hon Mien, censée héberger un aquarium abritant des espèces exotiques. Il s’agit en réalité d’une ferme d’élevage peu avenante, nommée Tri Nguyen, comme le village voisin. Celui-ci présentait plus d’intérêt, avec le rassemblement sur le port des femmes occupées à préparer un repas de poissons, au milieu des enfants qui couraient et jouaient autour d’elles. Le mauvais côté de l’endroit était le bassin du port où, à côté des bateaux amarrés, flottaient toutes les ordures du village. Une nouvelle traversée vers Con Se Tre nous permit d’oublier cette image désagréable avant d’aller déjeuner sur une terrasse abritée par un toit en bambou.

 

 

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30 avril 2010 5 30 /04 /avril /2010 19:41

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par Intempéries et détours

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29 avril 2010 4 29 /04 /avril /2010 20:41

De Hué à Danang, la route traverse le col des Nuages, beau passage montagneux en haut duquel une porte fortifiée fut érigée. De Danang nous filâmes directement vers Hoi An, qui était un important port commercial de l’Asie du sud est aux XVIème et XVIIème siècles. Les navires de commerce hollandais, portugais, chinois et japonais s’y croisaient. Il en reste une vieille ville intacte, avec ses maisons d’inspirations variées.

L’entrée dans la vieille ville de Hoi An s’effectue en franchissant le pont couvert japonais, qui est une petite merveille. On pénètre alors dans un réseau serré de ruelles piétonnes bordées de petites maisons pittoresques. Le quai du fleuve Hoai nous conduisit d’abord au marché central, qui offre un choix abondant de poissons et de fruits de mer à côté des traditionnels fruits et légumes des marchés vietnamiens. Différents petits musées ont été aménagés dans les plus belles maisons pour y présenter la vie culturelle, l’histoire et les arts locaux. Des chapelles sont accessibles, ainsi qu’un théâtre traditionnel mais, plus que tout, ce qui est inestimable à Hoi An, c’est le calme dû à la circulation pédestre, malgré le grand nombre de visiteurs.

A Danang où nous sommes revenus le lendemain, c’est tout le contraire, la vibration des grandes villes y est permanente avec ses flots de cyclomoteurs. A côté du grand marché où nous avons passé un long moment, ce qui me toucha, c’était la présence silencieuse d’une vieille dame, toute petite avec son large pantalon et son chapeau des paysannes vietnamiennes, qui proposait aux passants des sacs en plastique usagés, sans prononcer un mot. Son regard portait toute la tristesse de la vie difficile des Vietnamiens âgés aux faibles ressources.

Le musée de sculpture Cham nous initia à cette culture originaire du Cambodge, qui représentait abondamment les dieux hindous. Toutes les œuvres exposées ont été découvertes dans les différentes colonies installées au Vietnam.  

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28 avril 2010 3 28 /04 /avril /2010 20:55

De retour à Hanoi, un train de nuit nous conduisit à Huê. L’image la plus saisissante le matin, alors que le train traversait la campagne, fut de voir un groupe de paysans, alignés face à la voie ferrée, uriner tout en regardant passer le train, faisant des signes aux voyageurs, sans aucune gêne.

A Huê, la matinée fut consacrée à la visite du mausolée de l’empereur Tu Duc, qui régna de 1848 à 1883. Immense et somptueux ensemble, dont la construction suscita une révolte des ouvriers, qui fut impitoyablement réprimée, le mausolée servit de résidence de loisir à l’empereur dans les dernières années de son règne. A l’intérieur d’une enceinte octogonale, le mausolée comporte nombre de monuments, dont un temple, un palais, une sépulture d’apparat où les restes de l’empereur ne reposent pas, et des pavillons, autour d’un lac qui contient une île. La cour d’honneur est ornée d’une double rangée de statues de mandarins, de chevaux et d’éléphants.

Tu Duc, qui compta jusqu’à 104 épouses ou concubines, n’eut aucune descendance. Sa dépouille fut déposée dans une sépulture secrète, pour éviter le pillage. Aujourd’hui son mausolée demeure comme un vaste parc romantique : c’est beau comme un palais d’été situé au milieu d’un espace aquatique.

La cité impériale, construite à l’intérieur de la citadelle de Huê, a subi d’importantes destructions lors de l’offensive du Têt en 1968. Le saint des saints était la cité pourpre interdite, ensemble de constructions qui servait de résidence aux souverains. Certains des bâtiments qui subsistent sont restaurés, comme la salle du Trône ou le belvédère de la porte du Midi, entrée principale de la cité. Il reste un quadrillage de cours, d’allées, de beaux bâtiments entourés de plantations diverses. Malgré la somptuosité de certaines décorations, l’atmosphère y est austère, comme dans un ancien couvent désaffecté.

La Pagode Tu Dam, ou de la Dame Céleste, dressée en haut d’un escalier au bord de la Rivière des Parfums, fut un haut lieu de l’opposition à la politique du régime sud-vietnamien et à la guerre. C’est une tour octogonale à six étages, reconstruite dans les années 1930. Dans le petit monastère contigu, une poignée de moines entretient le souvenir des événements tragiques et anime l’association Bouddhiste.

Une courte croisière sur la Rivière des Parfums nous ramena vers notre hôtel où le dîner nous permit de revêtir les atours des mandarins et de leurs concubines, pour profiter d’un concert qui précéda le repas. Le plus jeune couple de notre petit groupe figura l’empereur et l’impératrice.   

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25 avril 2010 7 25 /04 /avril /2010 20:50

La Baie d’Halong avec ses milliers d’îlots rocheux est un site incomparable. Embarqués dans l’un des nombreux bateaux de croisière au port d’Halong, nous avons commencé à naviguer par un temps gris et légèrement brumeux. Les falaises karstiques de chaque côté épousent des formes inattendues. Au début, les embarcations se suivent de près, avant de s’éparpiller dans les passages entre les différents îlots. Tantôt il semble que le bateau est près d’atteindre le rivage de la baie, tant les parois se rapprochent pour former un mur compact. Puis une mince ouverture apparaît, par laquelle s’engouffre notre bateau vers un mystérieux défilé, d’où nous sortons bientôt sur une vaste étendue d’eau. Quand nous avons accosté l’un des rochers et directement pénétré dans une grotte étroite, où un très mince boyau nous conduisit vers la lumière, au sommet de la roche, je me suis cogné le crâne au plafond très bas. Du sommet, nous avons découvert une vue dégagée sur une partie de la baie, précédée par une étendue de végétation foisonnante.

C’était le point extrême de la croisière. Le retour emprunta une route différente sous un pâle soleil, longeant une nouvelle débauche de formes rocailleuses. Nous rattrapâmes d’autres bateaux et dans des coudes étroits il fallut manœuvrer avec précaution pour ne pas heurter la pierre. Puis au fur et à mesure que nous approchions du port, la flotte se reconstituait dans sa masse compacte. Nous étions tous un peu hébétés de quitter ces visions étonnantes pour retrouver un port sans attrait. La calme splendeur de la Baie d’Halong la rend presque irréelle et, par contraste, elle confère au retour au monde ordinaire une tonalité vaguement déprimante.

Le lendemain matin, les nuages étaient bas au-dessus des sommets des îlots. Un pâle soleil peinait à les traverser, habillant la mer d’un reflet métallique sur lequel se détachait la masse sombre des rochers.

 

Sur la route, nous avons découvert les trois types de maisons vietnamiennes : la maison traditionnelle des campagnes avec son toit de chaume, sa grande pièce centrale où se trouve un autel, face à la porte, célébrant le souvenir des parents disparus, avec leurs photos et une ou plusieurs bougies allumées. De chaque côté il y a une chambre séparée de la pièce centrale par une tenture, l’une pour les hommes et l’autre pour les femmes. Les commodités, cuisine et salle de bains sont situées dans des bâtiments annexes.

Le deuxième type de maison est la maison « américaine », en vogue dans les années 1950 à 70. Il s’agît d’un parallélépipède de béton, au toit plat. Aujourd’hui elle est tombée en disgrâce. La vogue est à la maison « coloniale », qui imite les anciennes résidences coloniales par des balcons et terrasses à chaque étage, bordés de balustrades, soutenus par des colonnes et reliés par des escaliers extérieurs. Généralement, ces maisons comportent trois ou quatre étages pour fournir un logement à plusieurs générations de la famille, tout en maintenant un local professionnel au rez-de-chaussée. De façade étroite sur la voie publique, elles s’étendent en profondeur, pour réduire la taxe à payer sur la largeur occupée. Dans ce type de construction règne une exubérance de décoration souvent très kitsch. Chaque famille tient commerce au bord de la rue ou de la route, contribuant à l’animation du quartier et au développement d’une économie basée sur le petit commerce et l’artisanat.

Le moyen de transport le plus courant est le cyclomoteur sur lequel tout peut être transporté : meubles parfois encombrants, matériaux divers, animaux, y compris un porc vivant attaché sur le porte-bagages du cyclomoteur, enfants de tous âges. Pour les adultes le port du casque est obligatoire.

Les abords des rues et des routes sont généralement encombrés de détritus, et les marchés semblent s’improviser selon la commodité : les paysannes vendent les fruits et légumes sur la place d’un village, ou au bord de la route qui longe les champs, à leur convenance. La culture dominante est toujours le riz, qui occupe surtout les femmes à repiquer les plants, les pieds dans l’eau. Les hommes se chargent plutôt de sarcler le fond des rizières avec une antique charrue traînée par un buffle. La condition paysanne reste la plus dure qui soit ; elle tend à se réduire au fil du développement du pays.

En route vers Hoa Lu, nous avons visité la pagode Pho Minh, beau monument tout en hauteur avec de multiples petits balcons sur tout le pourtour de cette mince tour. Celle-ci se trouve au fond d’un jardin qui abrite aussi des massifs de fleurs, des bassins et quelques constructions annexes.       

A proximité de Ninh Binh, Phat Diem est le siège d’une étrange cathédrale catholique construite à la fin du XIXème siècle dans le style vietnamien, sous la direction du Père Six, prêtre vietnamien enterré dans l’enclos de la cathédrale. Le bâtiment principal est construit en pierre avec des troncs d’arbre massifs pour soutenir la voute. Toute la décoration est entièrement asiatique. En dehors de la cathédrale proprement dite, nombre de bâtiments sont alignés de façon à préserver une harmonie d’ensemble. Ils contenaient un séminaire et plusieurs chapelles. Les murs latéraux de certains d’entre eux sont en bois. Les tours et clochers sont surmontés de lanternes similaires  aux temples bouddhistes, dont seule la croix et les statues de saints les distinguent. De nombreux fidèles assistaient à la messe du soir. L’intérieur, éclairé par quelques ouvertures latérales est assez sombre. La ferveur était perceptible.

A Tam Coc, plusieurs hôtels récents permettent un afflux de visiteurs. Certains d’entre eux parviennent au paroxysme du style néocolonial, avec un empilement de colonnes, de terrasses et de balustrades sur huit à dix étages. Ils dominent  une rue centrale bordée de boutiques.

Le paysage alentour est la « Baie d’Halong sur les rizières ». Comme dans la baie, d’énormes formations rocheuses surgissent d’une mer de verdure, cette fois. A quelques kilomètres, parcourus en vélo sur un terrain plat, en contournant les rizières et les roches, se trouve la pagode de Bich Dong, aménagée dans des grottes naturelles, auxquelles on accède par des escaliers creusés dans la roche. Devant l’entrée, un joli parvis entouré de parapets décorés a été aménagé. Trois courtes colonnes portent des foyers où brûle l’encens. Une jeune bonzesse nous introduisit dans le sanctuaire et nous fournit des informations sur son fonctionnement et sur la vie qu’elle menait sur place en compagnie de quelques consœurs. Leur quotidien est fait de prière et de méditation ; les conditions d’habitation sont sommaires, la nourriture frugale ; le célibat est de rigueur. Malgré toutes ces contraintes, notre jeune guide paraissait particulièrement épanouie.

De retour au village, nous avons embarqué dans une barque plate sur la rivière Ngo Dong pour la visite des trois grottes (traduction de Tam Coc). Au départ, une jeune fille ramait sur cette rivière paisible ; puis elle fut rejointe par son père, qui la remplaça. La barque traversa les trois grottes, dont la première a une longueur de 127 mètres. A l’entrée et à la sortie, l’ouverture est très basse et comporte des excroissances rocheuses qui nous obligeaient à baisser la tête. La promenade eût été enchanteresse si la jeune fille n’avait tenté à toute force de nous vendre des broderies, que nous ne désirions pas acquérir, avec une insistance assez désagréable.

Hoa Lu est le site de l’ancienne capitale du Vietnam, fondée sous la dynastie des Dinh, après la reconquête du pays contre les Chinois. Il reste des vestiges de l’ancienne citadelle et deux temples, l’un consacré à Dinh Tim Huang, le vainqueur des Chinois, et l’autre, nommé Le Dai Hanh, honore la dynastie des Le, qui succéda aux Dinh. Le paysage en ces lieux reste spectaculaire et tourmenté.   

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17 avril 2010 6 17 /04 /avril /2010 08:52

Parmi tous nos voyages, la découverte du Vietnam revêtait pour moi une importance singulière. Depuis mon enfance j'avais entendu évoquer ce pays par mon camarade T. de M., à l'école d'abord, puis surtout, après son décès avant l'âge de douze ans, par ses parents et son frère aîné, qui mêlaient le chagrin du deuil à la nostalgie de leur vie au Vietnam. C'est à Saïgon qu'ils avaient habité, mais ils avaient parcouru tout le pays, ainsi que le Cambodge. Leur appartement parisien conservait le souvenir de ce long séjour par la présence de laques accrochées aux murs, de meubles orientaux et d'une multitude de bibelots asiatiques. A plusieurs reprises ils me montrèrent des photos prises à Saïgon et, constamment, faisaient des allusions à leur vie quotidienne en Indochine. Monsieur de M., qui avait des origines franco-vietnamiennes, avait continué d'habiter à Saïgon jusqu'au décès de son fils alors que sa famille vivait ordinairement à Paris et ne l'avait rejoint que pour deux années, de 1959 à 1961, longue éclipse dans notre relation d'écoliers, qui reprit son cours au début du CM1. Ces souvenirs avaient entretenu chez moi le souhait vague de découvrir ce pays. J'ai attendu 2007 pour le mettre à exécution.   

A l'arrivée à Hanoi, le choc fut presque immédiat. Le palais présidentiel situé au coeur d'une zone interdite à la circulation est l'ancien palais du gouverneur général de l'Indochine, beau bâtiment colonial qui nous rappelle certaines préfectures. L'ancien lycée français borde un côté de la place du Palais. Dans le parc présidentiel, les deux habitations successives de Ho Chi Minh sont pieusement conservées, l'une, ancienne maison de l'électricien dans le domaine du gouverneur, est contemporaine du palais et l'autre, qui lui fait face à l'autre extrémité d'une mare à poissons, est construite en bois, sur pilotis, dans le style des minorités ethniques des montagnes du nord. A proximité, la Pagode au pilier unique a le charme de ces petites constructions du bouddhisme vietnamien, accentué par son reflet dans le bassin où elle est construite, au milieu de grands arbres. Tout cet ensemble est enserré dans un vaste parc, planté de pamplemoussiers sur une parcelle.

Dans la lignée de l'entrée du parc a été érigé le mausolée d'Ho Chi Minh dans le plus pur style soviétique, plus ou moins sur le modèle de celui de Lénine, en beaucoup plus grand et en gris.

Après cette introduction dans le calme et la grandeur des cercles du pouvoir, nous avons été plongés sans transition dans le centre de la Vieille Ville. Qui n'a pas visité la Vieille Ville de Hanoi en cyclopousse ne sait pas ce qu'est l'animation d'une grande ville asiatique en chemin vers la modernité ! Paisiblement assis sur le siège du cyclopousse, devant le conducteur qui pédalait difficilement, j'ai découvert le dédale des rues, pris dans un enchevêtrement de cyclomoteurs pétaradant et klaxonnant, comme un immense balet au rythme lent, qui à chaque carrefour éclatait en larges guirlandes autour des automobiles qui tentaient de se frayer un passage. Aucune agressivité n'était perceptible tout au long de cette heure. Le conducteur manoeuvrait en expert tout en me montrant les principaux monuments. Vers le milieu de la visite il fut remplacé par un collègue qui avançait plus vite au fur et à mesure que la nuit tombait. Les rues étaient surtout éclairées par les innombrables boutiques présentes dans ces ruelles. Des artisans exerçaient leur activité sur les trottoirs, au milieu du flot des passants. Toutes les lumières colorées qui s'allumaient formaient une féérie inattendue dans cet univers d'immeubles resserrés, de hauteur moyenne. Quelques bâtiments d'importance, comme de grands hôtels, l'opéra ou la cathédrale, marquaient des repères dans ce vaste labyrinthe qui s'étend autour du lac Hoan Kiem. Lorsque se termina ce tour, j'étais presque surpris de m'être déjà habitué à ce concert de moteurs et de klaxons incessant, à ce brouhaha énorme et à ce fol embouteillage. Cette ville aussitôt m'attira comme peu d'autres auparavant.

Le lac Hoan Kiem, où au XVe siècle une tortue géante est censée avoir avalé une épée magique remise à l'empereur Ly Thai To, est le centre de la Vieille Ville. C'était notre point de ralliement au milieu de l'agitation de l'agglomération : son étendue, l'attrait du petit temple de la Montagne de Jade construit sur un îlot, les grands arbres plantés sur son pourtour le désignent comme aire de repos.

Parmi les temples et pagodes visités à Hanoi, une mention particulière doit être attribuée au Temple de la Littérature, fondé pour honorer les érudits et constituer l'université des mandarins. Divisé en cinq cours, il contient des bâtiments anciens aux proportions harmonieuses, dans un cadre de verdure protégé du vacarme de la ville. 

L'événement majeur de nos soirées à Hanoi fut la représentation du théâtre des marionnettes sur l'eau :  plusieurs saynètes montrent des légendes vietnamiennes traditionnelles par un jeu de grandes marionnettes qui évoluent sur un bassin, accompagnées d'une musique typique jouée en direct par un ensemble de musiciens. La mise en scène et les mouvements des marionnettes sont tellement expressifs qu'il n'est pas besoin de connaître les légendes pour en comprendre spontanément l'action et la morale. C'était un extraordinaire spectacle.

Nous eûmes aussi le temps de flâner dans les ruelles du centre, d'entrer dans les boutiques offrant des vêtements de soie, de nous attabler aux terrasses de cafés, de visiter la cathédrale Saint Joseph - délabrée et sans grand charme -, d'emprunter certains passages entre les immeubles. Toute cette découverte me laissa le souvenir d'une ville extraordinairement vivante, colorée, dans laquelle l'accueil est généralement chaleureux, comme dans le restaurant Chà ca Thùy Hông, établi dans une petite maison d'une ruelle discrète, dont le gérant était un vieux monsieur qui évoqua devant nous sa jeunesse consacrée à l'étude dans le lycée français.

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