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12 janvier 2015 1 12 /01 /janvier /2015 00:00

J’avais dix-huit ans. En prépa HEC au lycée, après l’interdiction de Hara Kiri, nous échangions Charlie Hebdo entre camarades. Nous le lisions pendant les interclasses, voire même en cours, à l’insu du professeur.

J’appréciais particulièrement les articles de Cavanna et de Delfeil de Ton, ainsi que les dessins de Wolinski et de Reiser. Bien sûr, je conservais toujours un intérêt aux aventures du Grand Duduche, notre modèle à tous.

A l’époque, la rédaction d’un journal aussi polémique ne risquait guère que l’interdiction de publication par un pouvoir politique arbitraire.

Personne n’envisageait de se faire collectivement assassiner par des terroristes pour avoir outrepassé un quelconque interdit religieux ou moral.

Les années suivantes, dans mes trajets en chemin de fer entre Paris et Reims, il m’arrivait encore souvent de lire Charlie Hebdo. Après l’entrée dans la vie professionnelle cette habitude est progressivement tombée en désuétude.

Le drame actuel me pousse à revenir à mes anciennes inclinations : nous allons souscrire un abonnement. Je suis convaincu que des journalistes humoristes courageux vont reprendre le flambeau.

C’est un pari contre la bêtise de l’intolérance et des comportements totalitaires.

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18 mai 2014 7 18 /05 /mai /2014 15:21

A Florence le matin, après une nuit d’hôtel près de l’aéroport, un bus nous conduisit au centre de la ville, sur la piazza della Stazione. Après avoir recueilli toutes les informations nécessaires à l’office du tourisme, nous nous sommes dirigés par les ruelles étroites vers l’Arno, que nous avons traversé sur le ponte S. Trinita, face à la via Maggio, où nous avions réservé une chambre dans une vieille maison, à deux pas du Palazzo Pitti.

Par la suite, pour aller dans le centre, nous empruntions presque toujours le Ponte Vecchio, tellement fréquenté qu’en son milieu, seul espace non bordé de maisons et donc ouvert au fleuve, il est parfois malaisé d’apercevoir celui-ci.

Florence 2014 006

En touristes consciencieux, nous avons évidemment visité le somptueux « Duomo », la cathédrale Santa Maria del Fiore, et avons sacrifié à la montée des 414 marches du campanile d’où, même sous un ciel gris, la vue est admirable sur les toits de la ville et les clochers des églises.

Entre le Duomo et l’Arno s’étire tout le centre de Florence avec son réseau de ruelles étroites au plan en damier, où, ici ou là, se détachent de très vieilles bâtisses, comme la maison attribuée, sans aucune certitude, à Dante Alighieri. Le principal point de rencontre de ce quartier est incontestablement la Piazza della Signoria, vers laquelle toute la ville semble affluer, au pied du Palazzo Vecchio devant la loggia della Signoria, dans laquelle domine la statue de Persée montrant la tête de Méduse, réalisée par Benvenuto Cellini.

Notre visite des Offices, malgré la foule, était un enchantement, alors que la galerie de l’Accademia suscita une certaine déception : hormis la pièce maîtresse qu'est le David de Michel-Ange et les ébauches de ses statues d’esclaves, l’essentiel de la collection est constituée de statues beaucoup plus récentes, sans grande originalité, et de tableaux d’épigones de Giotto, d’un intérêt secondaire. Beaucoup plus intéressant nous parut le musée du Bargello, ainsi que la remarquable collection du Palazzo Pitti.

Par beau temps, il est agréable aussi de longer les rives de l’Arno. Ainsi, depuis la Basilique Santa Croce où se trouvent les tombeaux de quelques Florentins d’importance, comme Machiavel, nous avons suivi le quai jusqu’au ponte S. Niccolo, que nous avons traversé pour un retour par la rive gauche en nous élevant vers les jardins par des petites ruelles pentues.

A Pise, tout le quartier commerçant et résidentiel qui s’étend devant la gare est beaucoup plus aéré que le centre de Florence. Dans cette ville où tout concourt vers la fameuse tour, il est agréable de flâner, avant d’aller déjeuner à la terrasse d’une trattoria sur une petite place pleine de charme, d’où le haut de la tour se détache. Encore une fois, nous n’avons pas manqué à l’obligation d’admirer la ville depuis la galerie supérieure de cette construction si renommée. Il convient de noter que le baptistère situé derrière le Duomo est également un monument remarquable.

Florence 2014 035

A Sienne, la sortie de la gare constitue déjà une expérience notable : toute une série d’escalators et de tapis roulants permettent aux voyageurs de s’extraire de cette gare enfoncée dans un vallon profond pour gagner le haut des collines où se situe ce faubourg de la ville. Lorsqu’on se rapproche du centre, les ruelles deviennent à la fois pittoresques et très commerçantes. Mais à Sienne, tout converge vers la Piazza dell Campo, très belle place en creux, comme une coquille située en contrebas de tout le reste de la ville, entourée d’immeubles qui s’harmonisent admirablement par le choix des couleurs ocre et blanc. Dans cet ensemble se détache le Palazzo Publico, construction médiévale qui abrite encore de nos jours les services municipaux, elle aussi surmontée d’un campanile très haut et fin, en haut duquel nous n’avons pu manquer de monter.

 Florence 2014 062

Autour de la place, les rues étroites sont surtout fréquentées par les piétons. Une belle cathédrale attend aussi les visiteurs consciencieux. 

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11 mars 2014 2 11 /03 /mars /2014 22:32

Un beau matin d’été nous avons enfourché nos vélos à Pont-sur-Yonne et avons promptement passé le pont vers la rive droite de l’Yonne pour emprunter la petite route de Michery. Nous souhaitions résolument éviter la route de Bray-sur-Seine, trop fréquentée, ce qui nous obligea, derrière Michery, à rouler au-dessus de l’autoroute et de la ligne TGV en direction de Sergines. Il nous fallut donc monter la côte vers le sommet de la ville et poursuivre notre route vers Compigny, obliquer à gauche par la rue des étangs en direction de Montigny-le-Guédier, avant d’entamer la descente vers Bray. Dans la fraîcheur de la matinée, ces montées et descentes successives ne nous perturbaient pas trop.

 

Arrivés à Bray, après avoir traversé sa vaste zone industrielle, nous nous installâmes dans le beau parc au bord de la Seine pour avaler notre pique nique, bien abrités du soleil par les immenses platanes qui bordent le fleuve. En face de nous, sur l’autre rive, s’étendait la vaste zone humide de la Bassée, et tout en mangeant nous regardions passer les nombreux chalands sur l’eau calme.

 

L’après-midi notre itinéraire se poursuivit d’abord à plat, toujours vers le nord, en traversant la pointe de la Bassée par la petite route qui conduit au village d’Everly. Au début, les arbres qui bordent la route maintenaient une bienveillante fraîcheur mais, passé le village, la route de Gouaix était sous le soleil. Après un bref repos à la sortie de ce gros village, nous dûmes affronter la bonne côte qui ne faiblit quasiment pas jusqu’à Provins, que nous abordâmes par les hauteurs, avant de descendre dans la ville basse.

 

Là il nous fallut encore monter vers la vieille ville perchée sur une colline pour trouver un hôtel à notre convenance.

 

Les deux jours suivants, consacrés à parcourir les ruelles, admirer les remparts, visiter la tour César et la Grange aux Dîmes, flâner dans la roseraie, déambuler dans les souterrains mystérieux, me rappelèrent mon enfance, lorsque mes parents nous emmenèrent à Provins, chez des amis qui habitaient dans la ville basse, avec leur fille de quinze ans que je trouvais très belle, mais qui ne s’intéressait pas à moi.

 

J’ai conservé le souvenir du vertige que m’avait causé le tour en haut des remparts, alors. Aujourd’hui ceux-ci ne sont accessibles que sur une faible portion, à côté de la porte Saint Jean.

  Ete-2013--oct-L-et-A-a-Paris-039-copie-2.JPG

 

 

A lire aussi :  En hiver à Pont-sur-Yonne

 

ainsi que :     Le blog de asepa environnement

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22 novembre 2012 4 22 /11 /novembre /2012 20:03

    Plus petit Etat européen, Malte n’est pas à un paradoxe près : c’est aussi celui qui a la plus forte densité de population, la plus grande partie de son territoire urbanisée, les monuments les plus anciens et l’un des plus grands mélanges d’origines de sa population.

Dans l’île de Malte elle-même, il n’y a pas de campagne à proprement parler, seulement quelques minuscules champs délimités par des murets en pierre sur les pentes des collines et un tout petit bois.

Les villes qui ont une vraie personnalité sont La Valette, qui fait face à Vittoriosa et  Senglea construites sur l’autre rive du grand port, et Rabat et Mdina dans le centre. La Valette, la capitale, est une forteresse construite sur un promontoire rocheux entre les XVIème et XVIIème siècles, sur un plan en damier. Ses rues suivent les fortes déclivités du terrain et la plupart des maisons sont anciennes. De beaux palais classiques abritent les sièges gouvernementaux et les musées. Une densité d’églises inégalée, sauf peut-être à Rome, démontre l’attachement des Maltais à la religion. Tout ce décor provient des chevaliers de Saint-Jean, issus des croisades et chassés de Rhodes par les troupes de Soliman-le-Magnifique. A Malte, ils prirent le temps de faire construire les redoutables bastions de la Valette et les forts des péninsules alentour pour affronter le choc des Ottomans, qu’ils finirent par repousser.

Cette situation rend la visite aisée : les distances sont courtes et les bus desservent tous les points de l’île. Il faut toutefois compter sur les embouteillages. Après un premier aperçu de la Valette, toujours enserrée dans ses formidables fortifications, notre exploration a commencé vers la grotte Bleue au sud, que nous n’avons d’ailleurs pu voir, le vent empêchant les barques de naviguer. Nous avons exploré ses environs et admiré la côte rocailleuse battue par le vent et les vagues en face de l’îlot rocheux de Filfla, avant de déjeuner, puis de gagner par un sentier les sites de Hagar Qim et de Mnajdra, où se situent plusieurs des temples mégalithiques de l’île. Ces vénérables constructions de blocs de pierre sont considérées comme les plus anciennes du monde méditerranéen. Bien conservées dans l’ensemble, elles ont été pourvues de toits en toile qui leur donnent un aspect quelque peu surréaliste. Après la visite, notre promenade s’est poursuivie par un sentier mal entretenu vers View Lapsi, centre de plongée sans attrait particulier.

Malte oct. nov. 2012 076 

Dans un faubourg de la Valette, nous avons aussi visité les temples de Tarxien, parmi les plus riches en vestiges préhistoriques, avec les remarquables sculptures qui y ont été trouvées. Ce site, le plus vaste de l’île, a été découvert par hasard au début du XXème siècle sous les fondations des maisons. Il est actuellement en cours d’aménagement, ce qui rend sa visite, par ailleurs passionnante, quelque peu inconfortable.  

Par chance, dans le même faubourg de Paola, grâce à deux aimables visiteurs rencontrés à notre hôtel, qui ont eu le courage de faire la queue pour obtenir des billets, nous avons eu le privilège de visiter l’hypogée de Hal Saflieni : il s’agit d’une vaste nécropole souterraine, creusée dans la pierre sur trois niveaux et datant de 3600 à 2500 ans avant J.-C. Le mystère des buts et des méthodes de sa construction reste entier, mais la visite laisse une vive impression.

L’ancienne petite ville de Mdina est aujourd’hui transformée en ville musée. Peu de gens y habitent dans de très belles maisons. Ancienne citadelle fortifiée, elle conserve ses palais, ses ruelles typiques et ses églises. Nous y avons visité le Palazzo Falson, dont la construction remonte au Moyen-Âge et qui fut racheté au XXème siècle par un riche citoyen britannique, Olof Frederick Gollcher, qui l’a restauré et enrichi de collections d’œuvres d’art qu’il a léguées à Malte.

A côté de Mdina, les restes d’une villa romaine se visitent et, dans la ville de Rabat, qui la jouxte, nous nous sommes rendus à la grotte où Saint Paul a prêché avant de retourner à Rome.

Malte oct. nov. 2012 066 

De Rabat, un bus nous conduisit à Dingli d’où nous avons longé le haut des falaises qui culminent à 220 mètres. Notre but était d’arriver aux jardins de Buskett, à quelques kilomètres de là, qui contiennent l’unique petit bois de Malte. Nous y arrivâmes sous la pluie pour constater son exiguïté.

Un autre jour, nous embarquâmes dans le ferry pour Gozo et, à peine débarqués au port de Mgarr, nous allâmes à Victoria, la ville principale située dans le centre de l’île. Nous sommes montés à Il-Kastell, la citadelle, d’où le chemin de ronde offre une vue panoramique sur toute l’île. Celle-ci est beaucoup plus verte que Malte : la campagne sépare les localités qui ne sont guère que de gros villages. L’après-midi fut encore consacré à la visite des temples mégalithiques de Ggantija, aussi anciens que ceux de Malte.

Au retour nous avons encore visité le moulin de Ta’Kola à Xaghra.

Nous avons consacré le dernier jour à la visite de Vittoriosa, la ville construite sur l’une des longues presqu’îles qui font face à la Valette. C’était un bon choix : j’avoue que j’éprouvais un petit coup de cœur pour les ruelles tranquilles de cette localité aux belles maisons fleuries, bien loin du vacarme de la circulation qui règne dans la plupart des faubourgs de la capitale.  

Malte oct. nov. 2012 117 

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31 octobre 2012 3 31 /10 /octobre /2012 15:44

Après avoir bu mon café et constaté que le ciel est gris, que de gros nuages s’amoncellent au-dessus de la ville laissant filtrer une lumière diffuse, que le vent vient se briser sur la façade de la résidence mêlant son tumulte aux claquements des fenêtres qu’il choque, je prends The Waves de Virginia Woolf que j’ouvre à la première page et je commence ma lecture. Les monologues des six personnages sont souvent interrompus par les bruits du couloir, qui se prolongent quelques instants et cessent après qu’une porte a été fermée ou que des pas s’éloignent tout doucement. Puis c’est la visite de la femme de ménage ; deux heures encore et cette matinée pourtant étrangement calme s’achève dans la tranquillité du repas pris sur le pouce, avec Virginia Woolf qui trotte dans ma tête pendant que l’annonceur à la radio fait part d’un coup d’Etat dans un pays du sud. L’après-midi le discours lancinant et pathétique des six personnages m’occupe totalement l’esprit, ne laissant plus aucune place à la vie et aux mouvements du bâtiment. Le temps dans la chambre s’écoule seconde après seconde comme l’eau d’un seau qu’on aurait percé, alors que dans le livre le rythme de la vie s’en va, emmené par le style. Les personnages avancent vers leur destin, pas à pas, se tenant par la main et se lâchant brusquement, tour à tour, quand ici l’heure plus tardive que le moment de leur vie qu’ils ont atteint m’oblige à fermer le livre pour faire une course, puis préparer mon dîner. Maintenant, je puis reprendre ma lecture avant que la journée ne s’achève et que la nuit me fasse entrer dans un monde nouveau.  

 

Vous pouvez aussi être intéressé par :

 http://www.scopalto.com/europe/676/virginia-woolf-gertrude-stein

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11 août 2012 6 11 /08 /août /2012 18:01

J’avais rendez-vous avec mon futur patron à l’aérogare de Roissy ce dimanche après-midi. Nous devions embarquer dans un Boeing 777 à destination de Chicago. C’était la première fois que j’allais voler dans un Jumbo Jet et que j’allais aborder l’Amérique. La monotonie du vol fut coupée par la projection d’un film comique et la vue passagère des neiges du Groenland. A Chicago, l’attente au contrôle des passeports n’en finissait pas : chaque passager faisait l’objet d’une recherche dans un énorme registre épais comme trois ou quatre Bottin. Cela nous fit rater la correspondance pour Milwaukee où nous arrivâmes vers minuit. La nuit dans un Holiday Inn en rase campagne fut bienvenue.

Le lendemain matin, le banquier chilien de l’entreprise nous retrouva au petit déjeuner et nous emmena au siège de Briggs and Stratton où l’on nous introduisit dans un immense « open space » de bureaux. La conversation fut un peu compliquée : mon patron futur ne parlait pas un mot d’anglais et je ne connaissais rien à ses affaires. Je m’en tirai par une stricte traduction de ses propos, assortie de généralités aimables. La bonne humeur de nos interlocuteurs combla les lacunes. Ils nous firent visiter les ateliers dans un gigantesque hangar de tôle où l’abondance de la main d’œuvre de couleur suppléait la faible automatisation des chaînes. C’était la fin des années 70.

Le banquier nous conduisit à Chicago en voiture. L’autoroute longeait le lac Michigan et le trajet dura deux bonnes heures. Le soir après le dîner mon presque patron m’offrit un cocktail puis monta dans sa chambre. J’en profitai pour effectuer une courte promenade dans le centre de la ville. La plupart des immeubles étaient anciens. Les rues étaient peu fréquentées à cette heure tardive. J’allai jusqu’à la rivière de Chicago bordée de constructions plus récentes.

Le lendemain nous avions rendez-vous avec notre agent dans ses bureaux du John Hancock Center, le plus haut gratte-ciel de la ville. Jeune homme moderne, il nous montra la dernière collection de tondeuses autoportées et nous fit une démonstration de vélo électrique dans sa salle d’exposition. C’était une mise en condition avant la visite de l’usine de production à Des Moines dans l’Iowa, où il nous emmena dans son jet privé. Il me semblait vivre dans un monde un peu irréel. Au moins, avant de monter dans l'avion, me fut-il possible d’admirer la superbe « skyline » des immeubles sur la rive du lac et de profiter de la brise fraiche qui soufflait.

A Des Moines, au milieu de l’immense plaine du Middle West, la visite de l’usine fut en tous points comparable à celle de Milwaukee. Cela n’empêcha pas mon futur patron de pérorer sur le sens des affaires et un salarié de me demander pourquoi il venait tous les ans en visite, plutôt que d’aller visiter le Grand Canyon du Colorado. Les directeurs eux, s’intéressaient surtout à la réception de lettres de crédit et promettaient des livraisons rapides.

Avant de regagner l’aéroport, nous nous arrêtâmes dans une entreprise qui commercialisait des chaises pliantes pourvues d’une petite caisse en plastique pour les pêcheurs. Le patron était très amical et le marché fut conclu : c’est le côté facile du métier d’importateur. De retour à Chicago le soir, il nous resta à profiter de l’invitation à dîner de notre agent, en compagnie de son épouse, dans un restaurant où le homard, selon les convenances locales, était accompagné de bière.

A l’aéroport de New York, un autre homme d’affaires nous attendait. Il nous emmena à White Plains, petite ville où les joggers couraient au bord de la route, dans sa petite entreprise de fabrication de groupes électrogènes. C’était dans les dimensions d’une PME française, avec un atelier moyen et une production limitée. Cela autorisa mon futur boss à se montrer plus arrogant, sans chagriner son interlocuteur à la bonne humeur inoxydable.

Après Chicago, New York me sembla vieillot au premier abord. Les environs de Times Square où nous résidions dans un hôtel vétuste m’apparurent délabrés, insalubres, avec les poubelles non relevées qui débordaient, la vapeur qui s’échappait du sous sol des immeubles et le nombre inattendu de jeunes gens, sans doute drogués, avachis sur les trottoirs. Même les restaurants étaient surannés, y compris aux abords du port où notre agent maritime avait ses bureaux. Au moins de son bureau pouvais-je contempler le port et, à distance, la statue de la Liberté sur son îlot. Après déjeuner, le représentant de la compagnie maritime m’emmena visiter l’Empire State Building. Il me fit prendre le métro. Dans la rame, le sol était jonché de papiers. La vue depuis le sommet du building me permit d’oublier ces petits désagréments.

L’année qui suivit, passée à gérer les importations dans cette PME de Poitiers, à téléphoner à longueur de journée à l’agent pour faire partir les marchandises, à l’entreprise de fabrication pour régler les retards de crédits documentaires, à l’agent maritime pour savoir où se trouvaient les conteneurs, ou aux banquiers qui nous demandaient nos plans de financement et aux clients qui se plaignaient des retards de livraison, ne me permit guère de rêver à l’Amérique. Les interlocuteurs américains, en revanche, ne perdaient jamais leur bonne humeur.

 

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17 juin 2012 7 17 /06 /juin /2012 19:04

Arrivés après un voyage tranquille en TGV jusqu’à Rennes puis en train ordinaire à Auray, où nous avons déjeuné avant de prendre un taxi pour Carnac, à l’agence qui nous avait loué le meublé de ces vacances. La gérante, après nous avoir laissé signer les documents et remplir notre chèque nous proposa de nous emmener à Keriaval. La soirée de samedi et toute la journée de dimanche furent occupées à la découverte de la maison, de Keriaval, petit hameau situé à 800 mètres de Locmariaquer, du village lui-même et de ses quelques commodités, des environs les plus immédiats enfin. Les jours suivants, nous débutâmes une exploration assez méthodique de la presqu’île, en commençant par son extrémité, la pointe de Kerpenhir. Hameaux analogues à Keriaval, petites routes tranquilles, chemins de terre entre deux haies, petites criques et lagunes marécageuses à marée basse, nous pouvions faire un inventaire des ressources de la région, en n’oubliant pas les mégalithes.

Le lendemain, jour de pluie entrecoupée de longues éclaircies, notre situation matérielle s’est enrichie de quatre bicyclettes louées dans l’après-midi pour la semaine. Ainsi n’étions-nous plus attachés à l’espace restreint jouxtant Keriaval et Locmariaquer, mais pouvions-nous pallier l’absence presque totale de transports publics, pourvu que le temps s’améliorât. Nous comptions bien, dès le lendemain, atteindre une localité suffisamment importante - Auray ou Carnac peut-être -, pour contenir une librairie nous permettant d’acquérir quelques livres aptes à occuper nos soirées.

Il faut insister sur le charme de notre petite demeure, vieille maison de granit entièrement rénovée au milieu d’un hameau constitué de maisons traditionnelles, à l’écart des routes. Keriaval est entouré de quelques prés où paissent des vaches et des moutons, et dans lesquels se posent des corbeaux et des mouettes. Derrière la maison un maquis de genêts et de buissons est traversé par un sentier qui rejoint la grand-route d’Auray à Locmariaquer, l’accès principal au hameau étant un chemin goudronné qui part de la petite route reliant les différents villages par le milieu de la presqu’île. Nous profitions d’un calme absolu, du silence des environs et d’un voisinage peu envahissant.

Les promenades en vélo ont renouvelé notre intérêt pour ce coin de Bretagne en bordure du golfe du Morbihan. Un jour à Auray, le lendemain à Carnac, le chemin nous parut plus réel parcouru à la force de nos cuisses. Auray est plus vaste que dans mon souvenir, comme si le fait d’aborder les villes en voiture réduisait leurs dimensions. De même Carnac, avant d’atteindre les alignements de mégalithes, m’a semblé plus concret que dans le passé : le centre du bourg existe, ce n’est pas qu’une survivance accrochée à la station balnéaire.

Un bel après-midi nos vélos nous ont conduits d’une crique à l’autre par les petites routes qui traversent les zones marécageuses, les dunes, les petits ports, tantôt longeant la mer, tantôt la quittant. Longtemps nous restâmes sur une plage écartée où les enfants cherchaient des crabes pendant que nous observions la marée monter. Puis enfourchant nos montures nous gagnâmes Saint Philibert et les hameaux alentour, jusqu’à la Pointe et Kernevest à l’embouchure de la rivière de Crac’h.  

Par contraste le temps du lendemain était exécrable. Partis le matin pour un pique-nique vers le Bono, passé Auray, nous ne vîmes pas le soleil de la journée mais ressentîmes les premières gouttes de pluie dès le matin, bien avant d’arriver à Auray. Au Bono la pluie nous épargna le temps du déjeuner mais elle reprit de plus belle dès notre départ.

Au terme de ces vacances, l’image qui me touchait était celle de ces paysages de mer et de campagne imbriquées, avec ces prairies et ces buissons aux fleurs jaunes. J’aime la sauvagerie de ces lieux, grèves de sable et de rochers, landes et dunes dans lesquelles la mer pénètre pour former des étangs aux digues de pierre ou des marais inexplorés. Le granit et l’ardoise s’intègrent parfaitement à la nature, comme d’ailleurs les murs blancs des nouvelles constructions.

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2 juin 2012 6 02 /06 /juin /2012 21:54

Pour ce nouveau séjour à Berlin, à l’inverse de notre première visite, nous logions dans la partie ouest, à deux pas du Kurfürstendamm, ce qui nous permit, après un tour de reconnaissance dans le quartier, d’aller déjeuner dans l’un des restaurants de Savignyplatz, cette charmante petite place arborée à côté du viaduc du chemin de fer.

L’après-midi, nous profitâmes du bus n° 100 pour traverser toute la ville d’ouest en est, en passant par Tiergarten et Unter den Linden, longeant les grands monuments, du Reichstag à la Porte de Brandebourg, ainsi que tous les musées de l’île aux musées, avant d’arriver à l’Alexanderplatz. Nous avons été surpris de constater que dans ce quartier de Mitte, les chantiers urbains sont toujours aussi envahissants que dans les années 1990 et couvrent les mêmes emplacements. Montés sur la Fernsehturm, où il n’est plus possible de s’attabler au café tournant sans réservation, nous avons observé la ville dans toutes les directions jusque dans ses confins. Le soir à l’Alexanderplatz, toujours longée par les barres d’immeubles construits à l’époque de la RDA, les musiciens et les bateleurs attirent des groupes compacts d’admirateurs dans une ambiance bon enfant. Les brasseries servent des repas internationaux à la nombreuse clientèle. Après dîner nous nous sommes dirigés vers le Gendarmenmarkt où nous avions logé jadis. Les deux églises jumelles encadrent majestueusement le Schauspielhaus, dans un ensemble classique de très belle allure.

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Le lendemain nous avons d’abord marqué un arrêt à côté du Reichstag que nous  ne pouvions visiter sans réservation, avant de poursuivre vers la Porte de Brandebourg et la place Hannah Arendt où un ensemble de parallélépipèdes en béton marque le souvenir de l’extermination des Juifs. Nous avons progressé vers la Potsdamerplatz, où les architectes contemporains ont pu réaliser leurs projets les plus novateurs, avant de prendre le métro vers Kreuzberg, ce célèbre quartier des Turcs et des alternatifs. Là nous sommes restés un moment au bord de la Spree, avant une courte incursion sur l’autre rive en passant l’Oberbaumbrücke pour examiner le tronçon préservé du Mur, qui permet aux peintres d’exercer leur talent. L’alliance de l’eau, du vieux pont surmonté du viaduc du métro, des vieilles maisons de Kreutzberg, des quelques bâtiments modernes sur l’autre rive et des terrasses de restaurants sur les quais procure un charme particulier à ce quartier où nous sommes restés un bon moment à flâner.

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Le transfert en métro et train vers Prenzlauer Berg précéda une nouvelle balade dans les ruelles de ce quartier qui abritait autrefois  une importante colonie juive, dont il a conservé le cimetière. Il possède plusieurs petites places agrémentées de jardins et entourées d’auberges où une nombreuse clientèle apprécie de s’attabler en terrasse.

Le bus n°100 nous ramena vers l’ouest, à travers Tiergarten, où nous nous arrêtâmes à la Grosser Stern pour faire l’ascension de la Siegessaüle – la colonne de la Victoire - et observer Berlin depuis l’ouest cette fois.

Le dimanche matin, en passant devant la Kaiser Wilhelm Gedächnistkirche, couverte d’échafaudages, nous pénétrâmes dans sa grande salle aux vitraux bleus où se tenait un office. Nous sommes restés écouter la superbe musique et les chants, ainsi que l’homélie d’un pasteur qui parlait un allemand très clair et audible, nous forçant à essayer de le suivre jusqu’au bout établir un parallèle entre la cathédrale de Coventry, bombardée au début de la Seconde Guerre Mondiale, et l’église où nous nous trouvions, détruite à la fin de la Guerre.   

 

Berlin dans les années 1990 :      Les eaux noires de la Spree

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12 mai 2012 6 12 /05 /mai /2012 20:44

Arrivés à la gare de Saint Pancras, un long couloir nous mena à la station de métro. Le trajet était direct vers la station de Gloucester Road d’où nous sortîmes sous la pluie. Après avoir déposé nos bagages à l’hôtel, nous déjeunâmes dans un pub à deux pas. Un grand nombre de clients se pressaient aux tables situées face à des écrans de télévision qui diffusaient un match de football. C’est au milieu des commentaires du journaliste spécialisé et des cris de l’assistance du pub que nous dégustâmes notre fish and chips.

L’après midi fut consacré à une longue promenade dans les parcs : Kensington Garden d’abord, avec un arrêt pour admirer Albert Memorial et le Royal Albert Hall, avant de traverser la route  qui sépare Kensington Gardens de Hyde Park et longer le Rotten Row jusqu’au bout de la Serpentine. Immédiatement nous retrouvions le charme de ces vastes parcs londoniens où de nombreux écureuils au poil grisonnant viennent vous fixer à un pas, avant de grimper sur le premier arbre. A Hyde Park Corner nous avons passé Wellington Arch pour gagner Green Park et, par le métro, retourner dans notre quartier de Kensington.

Notre séjour se poursuivit à revoir les hauts lieux que sont Piccadilly Circus et Leicester Square, où nous avons acheté des billets pour une représentation de Billy Elliott, beau spectacle musical plein d’entrain joué par une troupe très dynamique.

A la Tate Britain, les salles consacrées à l’art contemporain nous ont retenus un bon moment, avant que nous montions admirer les tableaux du XIXème siècle à l’étage. Au théâtre du Globe reconstitué, une jeune guide nous fit une description imagée des représentations du temps de Shakespeare, lorsque les nombreux spectateurs populaires, debout face à la scène, constituaient la « stinking crowd », - la foule puante.

Un après-midi, un bus pris un peu au hasard nous emmena vers Little Venice, ce quartier construit au bord d’un canal au nord de Londres. En longeant le canal en direction de la gare de Paddington, nous nous disions que ce paysage rappelle plus facilement Amsterdam que Venise, tout en en savourant le charme, encore un peu à l’écart des sentiers battus. 122

Notre grande journée de sortie fut consacrée à Windsor. Le voyage dans un train bondé, parti avec trois quarts d’heure de retard, vers Slough, ne présentait aucun attrait mais la navette vers Windsor était ponctuelle. Le matin encore nous fîmes le tour de la ville, peu étendue, en prenant le temps d’admirer le passage d’un peloton de gardes coiffés de leurs bonnets à poils. Un rapide déjeuner avalé dans un pub irlandais, nous pénétrâmes dans l’enceinte du château pour nous joindre immédiatement à un groupe, qui écoutait un guide officiel détailler l’histoire de ce haut lieu de la Grande Bretagne où la Reine passe la plus grande partie de son temps. L’intérieur, avec ses superbes salles bien meublées et décorées de tableaux de maîtres se visite individuellement. Dans ces lieux, occupés par la famille royale depuis Guillaume le Conquérant, le visiteur se sent nécessairement submergé par la longévité de cette monarchie. En sortant nous nous sommes encore aventurés jusqu’à Eaton, sur l’autre rive de la Tamise, où les fils de l’élite britannique vont s’éduquer. 132

Le lendemain, à côté de la tour de Londres, que nous n’avons pas revisitée, nous avons détaillé les nouvelles constructions de tours en verre sur l’autre rive avant de nous diriger vers la City et Saint Paul, puis de redescendre vers la Tamise à l’embarcadère de Blackfriars Bridge. Un bateau nous emmena vers Chelsea, nous laissant admirer au passage la grande roue de London eye, le parlement et l’ancienne centrale électrique de Paddington. Par ces journées de pluie, l’eau était boueuse et les bateaux nombreux à se croiser.

Le dernier après midi fut consacré au British Museum, où nous avons écouté une conférence sur l’art romain avant de nous concentrer sur les arts islamique, indien et chinois. Le British Museum reste l’un des musées les plus agréables, où l’on entre sans attente et sans contrôle. Cela fait partie des nombreux charmes de Londres.  

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21 avril 2012 6 21 /04 /avril /2012 14:09

Nous sommes descendus du train à Alise Sainte Reine. La montée vers l’antique site d’Alésia est plutôt raide pour les cyclistes amateurs que nous sommes. Nous avons d’abord sacrifié à l’attrait de l’énorme statue de Vercingétorix érigée sur commande de Napoléon-le-Petit à l’écart du site gallo-romain. Celui-ci conserve des ruines traditionnelles des villes romaines – trace de l’enceinte, fondations de monuments, bas murets reconstitués et quelques rares vestiges de bâtiments un peu moins démolis. Le site est séduisant par la profondeur du panorama qui s’étend au devant de la butte, et le village construit sur ses flancs est agréable. Nous n’avons pas tenté de reconstituer les plans du siège de Jules César, faute de connaissances suffisantes et d’une documentation adéquate.

Alésia

Après un pique nique dégusté sur un banc du parc d’Alise Sainte Reine nous avons pédalé à une allure modérée en direction de Semur-en-Auxois par la route la plus directe. Ce n’était pas vraiment un itinéraire de charme même si la circulation n’était pas très intense en ce début d’après-midi : les montées étaient peu ombragées malgré les quelques bois alentour. A peine arrivés à Semur, nous nous sommes inscrits à une visite de la ville à l’office du tourisme. Une jeune guide nous fit admirer le beau site de la cité avec ses tours médiévales et le pont Joly qui enjambe l’Armançon, avant de nous conduire dans la Collégiale Notre-Dame à l’admirable décor intérieur. Nous nous sommes encore promenés dans les ruelles pentues et, le soir, après dîner, nous avons de nouveau parcouru les venelles sombres, sous le charme de ce décor médiéval, avant de rejoindre notre hôtel, à deux pas de la place.

Le lendemain, des petites routes qui relient des fermes à de petits villages nous ramenèrent vers le canal de Bourgogne. Nous suivîmes le chemin de halage en direction de Dijon dans un calme absolu, rarement troublé par le moteur d’un bateau. Ce paysage de campagne alternant champs et bosquets, agrémenté de belles demeures ici et là, est magnifiquement reposant et nous roulions tranquillement, rythmés seulement par les montées qui précèdent les écluses. Après une pause à Pouilly-en-Auxois, nous nous sommes dirigés vers Vandenesse, charmant petit village au nom balzacien, où une agréable chambre d’hôte – l’écluse – nous accueillit. Comble de bonheur, un restaurant tenu par un chef allemand nous servit de succulentes spécialités bourguignonnes.

Le tronçon du canal qui suit Vandenesse, encaissé dans une vallée profonde entourée de bois, est le plus pittoresque du parcours. Seuls les derniers kilomètres, à partir de Fleurey-sur-Ouche, où une large artère suit le tracé du canal, sont venus ternir le charme de cette randonnée. L’entrée de Dijon nous ramena aux dures réalités des embouteillages et des itinéraires invraisemblables pour gagner la gare.

 

Semur-en-Auxois

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