Plus petit Etat européen, Malte n’est pas à un paradoxe près : c’est aussi celui qui a la plus forte densité de population, la plus grande partie de son territoire urbanisée, les monuments les plus anciens et l’un des plus grands mélanges d’origines de sa population.
Dans l’île de Malte elle-même, il n’y a pas de campagne à proprement parler, seulement quelques minuscules champs délimités par des murets en pierre sur les pentes des collines et un tout petit bois.
Les villes qui ont une vraie personnalité sont La Valette, qui fait face à Vittoriosa et Senglea construites sur l’autre rive du grand port, et Rabat et Mdina dans le centre. La Valette, la capitale, est une forteresse construite sur un promontoire rocheux entre les XVIème et XVIIème siècles, sur un plan en damier. Ses rues suivent les fortes déclivités du terrain et la plupart des maisons sont anciennes. De beaux palais classiques abritent les sièges gouvernementaux et les musées. Une densité d’églises inégalée, sauf peut-être à Rome, démontre l’attachement des Maltais à la religion. Tout ce décor provient des chevaliers de Saint-Jean, issus des croisades et chassés de Rhodes par les troupes de Soliman-le-Magnifique. A Malte, ils prirent le temps de faire construire les redoutables bastions de la Valette et les forts des péninsules alentour pour affronter le choc des Ottomans, qu’ils finirent par repousser.
Cette situation rend la visite aisée : les distances sont courtes et les bus desservent tous les points de l’île. Il faut toutefois compter sur les embouteillages. Après un premier aperçu de la Valette, toujours enserrée dans ses formidables fortifications, notre exploration a commencé vers la grotte Bleue au sud, que nous n’avons d’ailleurs pu voir, le vent empêchant les barques de naviguer. Nous avons exploré ses environs et admiré la côte rocailleuse battue par le vent et les vagues en face de l’îlot rocheux de Filfla, avant de déjeuner, puis de gagner par un sentier les sites de Hagar Qim et de Mnajdra, où se situent plusieurs des temples mégalithiques de l’île. Ces vénérables constructions de blocs de pierre sont considérées comme les plus anciennes du monde méditerranéen. Bien conservées dans l’ensemble, elles ont été pourvues de toits en toile qui leur donnent un aspect quelque peu surréaliste. Après la visite, notre promenade s’est poursuivie par un sentier mal entretenu vers View Lapsi, centre de plongée sans attrait particulier.
Dans un faubourg de la Valette, nous avons aussi visité les temples de Tarxien, parmi les plus riches en vestiges préhistoriques, avec les remarquables sculptures qui y ont été trouvées. Ce site, le plus vaste de l’île, a été découvert par hasard au début du XXème siècle sous les fondations des maisons. Il est actuellement en cours d’aménagement, ce qui rend sa visite, par ailleurs passionnante, quelque peu inconfortable.
Par chance, dans le même faubourg de Paola, grâce à deux aimables visiteurs rencontrés à notre hôtel, qui ont eu le courage de faire la queue pour obtenir des billets, nous avons eu le privilège de visiter l’hypogée de Hal Saflieni : il s’agit d’une vaste nécropole souterraine, creusée dans la pierre sur trois niveaux et datant de 3600 à 2500 ans avant J.-C. Le mystère des buts et des méthodes de sa construction reste entier, mais la visite laisse une vive impression.
L’ancienne petite ville de Mdina est aujourd’hui transformée en ville musée. Peu de gens y habitent dans de très belles maisons. Ancienne citadelle fortifiée, elle conserve ses palais, ses ruelles typiques et ses églises. Nous y avons visité le Palazzo Falson, dont la construction remonte au Moyen-Âge et qui fut racheté au XXème siècle par un riche citoyen britannique, Olof Frederick Gollcher, qui l’a restauré et enrichi de collections d’œuvres d’art qu’il a léguées à Malte.
A côté de Mdina, les restes d’une villa romaine se visitent et, dans la ville de Rabat, qui la jouxte, nous nous sommes rendus à la grotte où Saint Paul a prêché avant de retourner à Rome.
De Rabat, un bus nous conduisit à Dingli d’où nous avons longé le haut des falaises qui culminent à 220 mètres. Notre but était d’arriver aux jardins de Buskett, à quelques kilomètres de là, qui contiennent l’unique petit bois de Malte. Nous y arrivâmes sous la pluie pour constater son exiguïté.
Un autre jour, nous embarquâmes dans le ferry pour Gozo et, à peine débarqués au port de Mgarr, nous allâmes à Victoria, la ville principale située dans le centre de l’île. Nous sommes montés à Il-Kastell, la citadelle, d’où le chemin de ronde offre une vue panoramique sur toute l’île. Celle-ci est beaucoup plus verte que Malte : la campagne sépare les localités qui ne sont guère que de gros villages. L’après-midi fut encore consacré à la visite des temples mégalithiques de Ggantija, aussi anciens que ceux de Malte.
Au retour nous avons encore visité le moulin de Ta’Kola à Xaghra.
Nous avons consacré le dernier jour à la visite de Vittoriosa, la ville construite sur l’une des longues presqu’îles qui font face à la Valette. C’était un bon choix : j’avoue que j’éprouvais un petit coup de cœur pour les ruelles tranquilles de cette localité aux belles maisons fleuries, bien loin du vacarme de la circulation qui règne dans la plupart des faubourgs de la capitale.